Contre des lendemains qui pleurent
Signataires
Claire Nouvian,
Sophie Binet,
Dominique Bourg,
Swann Bommier,
Christophe Bonneuil,
Lauren Bastide,
Julia Cagé,
Maxime Combes,
Cyril Dion,
Lucie Lucas,
Yann Manzi,
Marine Mazel,
Dominique Méda,
Baptiste Morizot,
Réjane Sénac,
Victoire Tuaillon,
Morgan N. Lucas,
Priscillia Ludosky,
Audrey Pulvar,
Assa Traoré,
Thomas Wagner,
Laurence De Cock…
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On aurait dû se méfier d’un homme sans amis.
C’était le signe d’un égocentrisme dangereux prédisposant au pire.
Nous y voilà.
Dans un pays marqué par sept années de violence politique, de mépris et de brutalisation inouïe des rapports sociaux, le Président de la République se réjouit d’avoir “balancé sa grenade dégoupillée” en dissolvant l’Assemblée. Cet acte irresponsable plonge la France dans une crise politique inédite et nous expose au danger suprême : l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement d'extrême-droite autoritaire, homophobe, raciste, misogyne et inféodé aux puissances étrangères. Emmanuel Macron n’a eu de cesse de s’auto-proclamer “rempart” contre l’extrême-droite, pour en devenir finalement la rampe de lancement.
Dire cela n’est pas créer d’équivalence entre le libéralisme extrême et l’extrême-droite.
C’est refuser, catégoriquement, d’épargner le principal coupable de la montée du ressentiment profond qui a nourri l’extrémisme. Depuis sept ans, le macronisme nous enjoint de taire nos critiques au prétexte ahurissant que ce seraient elles, et non l’injustice des réformes, qui feraient monter l’extrême-droite. Nous n’avons jamais obtempéré à cette injonction d’inversion des responsabilités. Ni hier, ni aujourd’hui. Cela ne nous a jamais empêchés, l’heure venue, de faire barrage par tous les moyens à l’horizon de barbarie qu’incarne l’extrême-droite.
Pour l’instant, l’heure est au bilan.
Par devoir de mémoire. Par devoir de responsabilité. Par devoir de clarification.
Parce qu’il est impérieux de se rappeler à quel point Macron est devenu le nom d’un libéralisme sans cœur, sans âme et sans conscience.
Parce que nous ne pourrons pas renvoyer l’extrême-droite dans les poubelles de l’histoire sans traiter le mal à la racine et sans tourner, une fois pour toutes, la page du macronisme.
Parce que l’effondrement électoral du bloc centriste libéral permet enfin à une réelle alternative humaniste, démocratique et écologiste d’exister.
Ce qui se joue dans quelques jours n’est pas simplement un combat entre des partis politiques aux visions opposées. C’est le présent et l’avenir de nos droits fondamentaux, de la dignité humaine, de la liberté d’expression, de la sécurité des personnes, de la préservation du climat et des écosystèmes, de la cohésion sociale, du vivre ensemble et de la paix civile dont il s’agit.
Rien de moins.
Si l’extrême-droite prend le pouvoir, c’est notre quotidien à toutes et tous qui sera bouleversé. Les communautés LGBT+, les personnes racisées, les populations défavorisées, les militantes et militants écologistes et les syndicalistes seront exposés à la casse et à la haine. Les minorités religieuses seront soumises à la vindicte. Les plus faibles paieront le prix fort. Le patriarcat sera renforcé et les femmes verront leurs droits reculer. L’État-providence, les services publics et l’écologie seront sacrifiés. Nous serons toutes et tous menacé·es dans notre intégrité physique et morale, sommé·es de nous taire et de rentrer dans le rang d’une société sécuritaire obsédée par l’ordre mais fondée sur l’intolérance et menant au chaos.
Puisque la mémoire s’efface inexorablement et que les reculs successifs entérinés par le gouvernement face à l’innommable ont anesthésié notre indignation, nous avons procédé à un inventaire non exhaustif de faits, structurels ou anecdotiques, qui ont caractérisé l’essence du pouvoir au cours des sept dernières années, pour que chacune et chacun puisse se rappeler, avant le premier tour des élections législatives, à quel point le macronisme est un anti-humanisme.
La macronie a fait sauter les digues morales
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Depuis sept ans, Emmanuel Macron et les députés macronistes ont détruit un à un les garde-fous moraux, politiques et juridiques qui permettaient de se prémunir face à la menace d’une vague brune. En institutionnalisant l’inhumanité face à la détresse de « l’autre », qu’il soit migrant, militant ou en situation de précarité, le macronisme a véhiculé une vision sans pitié de la société et mené à l’effondrement de nos digues morales. La macronie a même repris à son compte les idées les plus nauséabondes de l’extrême-droite, comme la préférence nationale, qui a fait son entrée dans notre droit avec la loi asile immigration et s’attaque au cœur de notre pacte social en remettant en cause les fondements de la sécurité sociale.
Lors des commémorations du centenaire de l’armistice de 1918, Emmanuel Macron souhaitait honorer la mémoire de Philippe Pétain, frappé d’indignité nationale et déchu de toutes ses distinctions militaires dès 1945.
En 2018, l’Aquarius, chargé de plus de 600 rescapés de l’enfer libyen, erre une semaine en mer et accoste finalement en Espagne, après être passé à quelques encablures du port de Bonifacio, en raison du refus du gouvernement Macron d’accueillir le navire humanitaire de l’ONG française SOS Méditerranée.
En décembre 2020, Emmanuel Macron remet en catimini la légion d’honneur au dictateur égyptien Al-Sissi, tyran associé à la répression des civils et à la torture. Le présentateur Yann Barthès dit de cette cérémonie indigne dont la presse française a été tenue à l’écart : « nous retiendrons que pour la première fois, nous sommes allés sur le site d'un régime autoritaire pour savoir ce qu'il se passe à l'Élysée ».
En 2021, le prêtre Philippe Demeestère et un couple de militants se battant pour la dignité de l’accueil des migrants à Calais se mettent en grève de la faim et n’obtiennent, 38 jours durant, que le mépris et le silence du gouvernement, au péril de leur vie.
En 2021, des militaires laissent 27 migrants périr en Manche, en dépit de leurs appels au secours. Mis en examen pour non-assistance à personne en danger, ils sont défendus par leur hiérarchie qui fait pression sur les enquêteurs sans que le gouvernement ne s’inquiète de la perte d’une valeur pourtant essentielle aux marins et aux humains : le sauvetage inconditionnel de toute personne en détresse.
Fin 2023, l’Assemblée nationale adopte la loi « asile immigration » qui conditionne l’accès aux soins et aux aides à une obligation de résidence de cinq ans en France, tandis que l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour tous les adolescents placés entre 18 et 21 ans est désormais conditionnée pour les jeunes étrangers.
Alors qu’on assiste à Gaza à la destruction d’un peuple et à des crimes de guerre insoutenables condamnés par la justice internationale, Emmanuel Macron estime qu’il n’est pas « raisonnable » de reconnaître l’État de Palestine « sur de l’indignation ». En 2017, il avait pourtant promis de reconnaître la Palestine au « moment opportun ».
Le nombre de femmes et d’enfants vivant à la rue a explosé, sans qu’aucun plan d’urgence ne soit engagé. Pis, les politiques d’expulsion des villes, comme celle menée actuellement pour « préparer » les Jeux olympiques, aggravent le problème du manque de logements sociaux et de places en centres d’hébergement.
Emmanuel Macron a affiché son soutien aux régimes autoritaires en multipliant les visites d’État, qui constituent la plus haute forme possible de contact diplomatique, de dirigeants tyranniques : la France accueille en mai 2024 le Président chinois Xi Jinping, responsable de la politique génocidaire des Ouïghours. En juillet 2023, c’est la visite du dirigeant autoritaire et promoteur du nationalisme hindou Narenda Modi, en juin 2023, celle du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman, mis au ban de la communauté internationale depuis l’assassinat barbare en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi. En juillet 2022, l’Élysée réhabilite le dictateur égyptien Abdel Fattah Al-Sissi...
Dès l’été de l’investiture d’Emmanuel Macron, en juillet 2017, l’ONG Human Rights Watch révèle dans un rapport explosif l’usage systématique d’agents chimiques comme le gaz poivre sur les exilés dans la région de Calais. La police asperge les individus, l’eau, les repas et les humanitaires qui défendent les réfugiés précaires comme ceux de l’association Utopia56, mais le déferlement de violence est exacerbé la nuit lorsque les humanitaires ne sont plus là pour les protéger.
Un mépris des Français∙es, de la démocratie, des élu∙es et des corps intermédiaires
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Le mépris, l’arrogance et le dédain envers les Français∙es, les élu∙es et les corps intermédiaires sont rapidement devenus la marque de fabrique d’Emmanuel Macron.
La représentation nationale est brutalisée par l’usage intempestif de l’article 49.3, invoqué à 23 reprises lors du seul mandat d’Elisabeth Borne pour faire adopter aux forceps des lois impopulaires. Cela équivaut en moyenne au recours d’un 49.3 par mois, en dépit du dépôt d’une trentaine de motions de censure : un record sous la Ve République.
Les lobbies industriels et les dirigeants de grandes entreprises font l’objet de toutes les attentions. Au cours des sept dernières années, sont ainsi décorés de la Légion d’honneur Pierre Gattaz, président du MEDEF (2022), Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (2022), Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies (2023), Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches (2023), ou Bernard Arnault, PDG de LVMH (Grand-Croix de la Légion d’honneur, 2024), entre autres.
En février 2023, alors que plus d’un million de Français·es défilent contre la réforme des retraites, le Président choisit de remettre, dans la plus grande discrétion, la légion d’honneur à l’une des cinq plus grosses fortunes mondiales, Jeff Bezos, fondateur du géant Amazon. Décorer celui qui est accusé d’avoir détruit de nombreux emplois, d’espionner ses salariés et de pratiquer l’optimisation fiscale agressive est une provocation qui renforce la perception d’Emmanuel Macron comme « Président des riches ».
Présentée comme modèle, la Convention citoyenne pour le climat ne génère que le souverain mépris du chef de l’État, qui se refuse à « reprendre sans filtre » les 149 propositions de la Convention, contrairement à ses promesses. Seules 15 mesures sont finalement retranscrites telles quelles dans la Loi climat proposée en janvier 2021. Les membres de la Convention dénoncent un « sabotage » de leur travail citoyen et la « tromperie » d’Emmanuel Macron.
À la suite du mouvement des Gilets jaunes, le « Grand débat » (janvier-mars 2019), censé permettre d’écouter les griefs des Français·es, se transforme en one-man show d’Emmanuel Macron qui force un public, trié sur le volet, à l’écouter. L’opération de sauvetage communicationnel du Président a coûté 12 millions d’euros.
Les 19 000 « cahiers de doléances » rédigés en 2019 par plus de 2 millions de Français, dans un exercice démocratique inédit depuis la Révolution française, sont jetés aux oubliettes. 80% des cahiers ont été numérisés mais la restitution publique « sous licence libre » promise par Emmanuel Macron n’est pas respectée. Si un citoyen en demande l’accès, les Archives nationales répondent qu’ils seront communicables à partir de 2069.
Un recours exponentiel aux cabinets de conseil comme McKinsey a empiété sur « le cœur de métier des administrations » selon la Cour des comptes qui a fustigé l’explosion des dépenses publiques à destination des cabinets privés. Les dépenses de prestations intellectuelles sont passées pour les ministères civils de 11 millions d'euros en 2014 à plus de 230 millions en 2021. La commission d’enquête du Sénat a, quant à elle, révélé un phénomène tentaculaire : en 2021, les dépenses de conseil de l’État ont dépassé le milliard d’euros, dont 893,9 millions pour les ministères et 171,9 millions pour un échantillon de 44 opérateurs (Pôle emploi, Caisse des dépôts et consignations...). Le Sénat estime que ce chiffre est conservateur car il repose sur un échantillonnage de seulement 10% des opérateurs. Le recours systématique aux cabinets de conseil privés expose à des risques déontologiques, des abus, des productions orientées et des conflits d’intérêts. L’opacité des interventions « behind the scene » (les livrables, signés des logos des administrations, invisibilisent l’intervention des cabinets), l’infantilisation des administrations ainsi que les scandales à répétition ont renforcé la défiance chez les agents publics. Rappelons par exemple qu’en 2020, McKinsey touche 496 800 euros pour aider le professeur Yann Algan à préparer un colloque à l’UNESCO sur l’avenir du métier d’enseignant (!) qui est finalement annulé.
En 2018, le Président commande un plan-cadre pour les banlieues à Jean-Louis Borloo mais dédaigne finalement le rapport ambitieux produit en concertation avec les acteurs des territoires concernés. Le « plan de bataille » pour les banlieues, chiffré à 48 milliards d’euros, sera enterré dès sa parution par Emmanuel Macron au prétexte que finalement, les plans, c’est « vieux » et « ça ne marche pas ».
Après s’être présenté comme un champion de l’écologie avec son slogan « Make our planet great again », Emmanuel Macron balaye par l’insulte la demande de moratoire de la gauche et des écologistes sur le déploiement de la 5G en les qualifiant de « Amish » en septembre 2020. Flattant les investisseurs de la “French Tech”, le Président de la « Start up nation » déclare : « J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ».
Un recul inédit des libertés publiques et un climat de répression policière
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Pour que le cauchemar advienne, nul besoin de réforme législative. Les lois liberticides adoptées depuis 2017 ont préparé le terrain à l’extrême-droite qui n’aurait plus qu’à appliquer le corpus juridique dystopique forgé par la macronie :
La liberté de la presse recule très dangereusement. Les journalistes d’investigation subissent les intimidations du pouvoir politique : gardes à vue, perquisitions et convocations en raison de leurs enquêtes sur les dérives de la stratégie militaire de la France au profit de régimes autoritaires. En juin 2024, une journaliste de BLAST couvrant une manifestation à Paris contre les ventes d’armes à Israël devant le siège de l’entreprise d’armement Exxelia, est maintenue arbitrairement en garde à vue pour refus de communiquer les codes de son téléphone portable. C’est une grave atteinte au secret des sources d'une journaliste. En septembre 2023, la journaliste Ariane Lavrilleux du média Disclose passe 39 heures en garde à vue et son domicile est perquisitionné pour ses révélations sur le scandale d’État de l’opération militaire « Sirli » menée par la France pour le compte de la dictature égyptienne.
L’indépendance des médias est mise en péril avec la suppression de la redevance sur l’audiovisuel public, soumettant les organes de presse aux intérêts politico-financiers, comme en atteste le cas de Guillaume Meurice sur France Inter.
La liberté d’association fait l’objet d’acharnement, avec une surveillance généralisée des ONG. En 2019, le gouvernement crée la cellule Demeter pour contenter le lobby agro-industriel face à un prétendu « agro-bashing ». En 2021, la défiance du gouvernement vis-à-vis du monde associatif prend de l’ampleur avec l’instauration dans la « loi séparatisme » de « contrats d’engagement républicains » pour les associations bénéficiant de subventions publiques ou d’un agrément de l’État. Vingt-cinq associations déposent un recours devant le Conseil d’État contre cette disposition qui menace leur capacité à mener des actions en justice ou à avoir recours à la désobéissance civile. En avril 2023, cerise sur le gâteau : le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin s’en prend à la Ligue des droits de l’Homme, l’association qui défend les droits et libertés en France depuis 1898, en expliquant qu’il faut aller « regarder » les subventions perçues par cette association, alors que celle-ci avait participé à des observatoires citoyens des pratiques policières et des libertés publiques lors des rassemblements contre les méga-bassines à Sainte-Soline, où la répression policière avait fait de très nombreux blessés, dont deux graves, plongés dans le coma. Deux mois plus tard, Gérald Darmanin publie le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, à l’origine du rassemblement à Sainte-Soline. Une décision retoquée par le Conseil d’État dans un contexte croissant d’espionnage des activistes écologistes.
Les militants des droits humains et de l’environnement sont dénigrés. Le gouvernement installe dans les médias les termes extrêmement dommageables d’« écoterroristes » et « khmers verts » afin de décrédibiliser les opposants aux grands projets inutiles qui détruisent les terres agricoles et les espaces naturels. Il s’agit pourtant de faire respecter les objectifs réglementaires de préservation du climat et de protection des écosystèmes, notamment la loi Climat et l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN), votés sous le gouvernement Macron et dont l’application se heurte à l’appétit vorace des industriels.
Les BRAV-M, « brigades de répression de l'action violente motorisée », composées de binômes circulant à moto, sont créées début 2019 par le préfet de police de Paris Michel Delpuech pour mater les manifestations de Gilets jaunes. Ultra violentes, les brigades BRAV-M sont très controversées. Au total, la répression du mouvement des Gilets Jaunes fera des milliers de blessés, une trentaine de mutilés et une femme tuée.
La liberté de manifester est mise à mal et la répression policière s’intensifie avec le recours systématique, en manifestation, aux nasses policières, un dispositif jugé illégal par le Conseil d’État. La stratégie du « maintien de l’ordre » par la violence a fait l’objet de l’attention de multiples rapporteurs spéciaux des Nations Unies concernant les manifestations des Gilets jaunes, et a été pointée du doigt par le rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement Michel Forst concernant les mouvements écologistes. Cette répression en cours de systématisation contre les écologistes sévit depuis longtemps dans les banlieues. En témoigne un terrible cortège de blessés, de mutilés et de morts : Zineb Redouane, Nahel Merzouk, Cédric Chouviat, Steve Maia Caniço, Alhoussein Camara, David Sabot…
En 2017, le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron déclarait sur le plateau de Mediapart qu’il serait « intraitable » sur l’enjeu des violences policières. Avant d’ajouter « ce que je ne comprends pas, c’est qu’on ne mette pas en cause la hiérarchie policière quand il y a de manière évidente un problème. Il faut qu’il y ait des procédures judiciaires et il faut ensuite qu’il y ait une responsabilité policière et administrative quand il y a des comportements déviants ». Sept ans plus tard, cette promesse a fait long feu, Emmanuel Macron jugeant dès 2019 « inacceptable dans un État de droit » de parler de « violences policières ». La macronie cultive depuis lors le déni sur la nécessité de réformer l’IGPN, la « police des polices », pour lutter contre l’impunité policière. Elle menace et intimide également les collectifs et associations qui se mobilisent contre les violences policières, à l’image de l’interdiction de manifestation prononcée par le préfet de Paris en juin 2020 concernant le rassemblement de dizaines de milliers de personnes devant le palais de justice de Paris à l’initiative du comité Adama.
La France perd le statut de « démocratie à part entière » dans l’indice démocratique du groupe britannique The Economist et chute au rang de « démocratie défaillante » en raison de l’immense recul des libertés démocratiques dans la gestion de la pandémie du Covid.
La fin d’une société solidaire
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Depuis 2017, les fondements mêmes d’une société solidaire, mettant l’humain et le soin au cœur de son projet, ont été attaqués pour imposer une logique de la performance comptable, aride et injuste.
Le régime fiscal creuse les inégalités et organise la sécession des élites avec la suppression de l’ISF (Impôt sur la fortune) et l’instauration d’une « flat tax » sur les dividendes, qui bénéficient aux plus riches. Par ailleurs, alors que le gouvernement accroît avec constance les aides publiques aux entreprises, il multiplie les mesures d’austérité pour couper dans les aides sociales, avec la baisse des APL notamment, tandis que les parlementaires refusent de créer une taxe exceptionnelle sur les superprofits suite à la guerre en Ukraine.
En avril 2024, la Cour des comptes alerte sur un « désarmement des recettes fiscales » avec des baisses d’impôts qui contribuent à accroître l’endettement du pays. Selon la haute juridiction financière, ce moindre rendement des impôts contribue à un déficit budgétaire record qui « comporte des risques pour l’avenir ».
Année après année, en amont du sommet de Davos, Emmanuel Macron déroule le tapis rouge aux investisseurs étrangers lors du sommet « Choose France » au château de Versailles en promouvant les réformes libérales et les largesses fiscales, sociales, réglementaires et anti-écologiques mises en place par le gouvernement.
Lors de la pandémie du COVID-19, le gouvernement débloque des milliards d’euros pour les entreprises sous couvert de « sauver les emplois et les entreprises » sans assortir ces aides de conditionnalités écologiques, sociales ou financières, témoignant de l’emprise croissante du secteur privé sur la fabrication des politiques publiques et de sa capacité à mettre l’État-providence à son service.
Le budget des communes, pourtant essentiel pour assurer les services dont elles ont la charge, est entaillé par la suppression de la taxe d’habitation des résidences principales. Cette mesure électoraliste ne sert que les familles les plus aisées puisque les plus modestes ne la payaient pas. Elle n’a pas été suffisamment compensée par les autres mesures fiscales mises en œuvre par Emmanuel Macron.
Près de 30 000 lits d’hôpitaux sont supprimés sous les deux mandats d’Emmanuel Macron.
Des milliers de personnes sans-abris sont transférées par bus hors de Paris à l’approche des Jeux olympiques pour faire « rayonner la France » lors d’une compétition sportive qui se fera sous un dispositif policier inédit.
La protection de notre santé recule. Le remboursement de certains médicaments indispensables au traitement de pathologies de longue durée, comme le diabète ou les insuffisances cardiaques, est remis en cause. Par ailleurs, des discussions sont ouvertes pour allonger les délais de carence en cas d’arrêt maladie, de trois jours actuellement à plus de 5, 6 ou 7 jours à l’avenir.
La dématérialisation des services publics, conduite à marche forcée, accentue les inégalités sur le territoire et modifie le sens même de la notion de « service » pour les usagers, au point que la Défenseure des droits soit saisie de plus en plus fréquemment à ce sujet.
L’abandon du monde du travail
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Alors que le Président Macron a présidé à la plus grave et longue période de pandémie mondiale, et bien qu’il ait déclaré « essentiels » les travailleurs les moins bien rémunérés et considérés socialement (éboueurs, livreurs, caissières de supermarché, infirmiers et infirmières), le mépris du monde du travail aura été sans limite.
Cette qualification « d’essentiels » n’a été suivie d’aucun effet, au contraire : les investisseurs et investisseuses en travail et leurs syndicats, sans lesquels aucune richesse n’est produite dans ce pays, n’ont pu que tenter de se faire entendre par des grèves et mouvements de protestation de longueur historique pour faire face à la « violence du marché » (voir la participation active d’Emmanuel Macron à créer une économie de plate-forme dérégulée au sein de l’Union européenne, Uber files etc.). Dans La grande transformation, Karl Polanyi a montré, en 1946, dans le cas de l’Allemagne, que cette dérégulation est de nature à précipiter les individus apeurés et laissés finalement sans protection dans les bras de l’extrême-droite, qui promeut l’illusion qu’elle va les protéger.
Les salariés sont appauvris par le refus d’augmenter le SMIC et d’indexer les salaires sur l’inflation, tandis que les loyers, eux, le sont.
… Et malmenés par la réforme des retraites, adoptée en dépit d’une mobilisation historique à son encontre, qui relève l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans et la hausse du nombre de trimestres requis pour une pension à taux plein.
Les règles de l’assurance chômage sont révisées avec la réduction de la durée d’indemnisation de 18 à 15 mois et un durcissement des conditions d’accès à celle-ci, contribuant à l’accroissement de la pauvreté en France, notamment des plus jeunes et des seniors. 15 % des demandeurs d’emploi indemnisés aujourd’hui ne le seront plus.
En juillet 2022, Le Monde révèle le scandale des « Uber Files » : Emmanuel Macron a passé un accord secret avec Uber pour œuvrer en coulisse entre 2014 et 2016, lorsqu’il était ministre de l’économie pour que la société de VTC réussisse à s’implanter en France sur la base d’une dérégulation du marché et d’une précarisation massive des conducteurs de taxi.
Les syndicats et le droit du travail sont fragilisés avec les ordonnances Macron de 2017, qui mènent à la fusion de toutes les instances de représentation du personnel au sein d’un unique « Comité social et économique », qui facilitent les licenciements et qui plafonnent les indemnités prud’homales versées aux salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse. Le bilan officiel de ces ordonnances, établi par France Stratégies, conclut à un affaissement préoccupant du pouvoir d'agir des représentants des salariés, particulièrement en matière de santé au travail.
Lutte contre les violences sexistes et sexuelles : la grande imposture
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Depuis sept ans, l’égalité femmes-hommes est promue « Grande cause du quinquennat », mais le nombre de féminicides demeure très élevé (un meurtre tous les deux jours), tandis que moins de 1% des viols aboutissent à une condamnation pénale et que les écarts de salaire, supérieurs à 20% entre les femmes et les hommes, persistent.
Le gouvernement ose se dire féministe tout en comptant moins de 20% de directrices de cabinet au gouvernement ou dans les équipes de l’Élysée. Alors que plus de trois millions de femmes déclarent subir des violences sexistes et sexuelles (VSS) chaque année, le gouvernement refuse d’accorder les 2,6 milliards d’euros annuels nécessaires pour lutter contre ce fléau et n’y consacre qu’un budget résiduel d’environ 180 millions d’euros. Au-delà de cette léthargie, le Président et son gouvernement ont également ajouté des violences symboliques à ce bilan déjà sombre.
En juin 2024, en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale sur les conseils d’un aréopage illégitime exclusivement composé d’hommes, Emmanuel Macron a interrompu les travaux de la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans la culture. Initiée début mai, elle devait rendre ses conclusions en novembre.
En mai 2024, en proposant d’instaurer un « devoir de visite » aux pères après une séparation, Emmanuel Macron oublie une fois encore de se placer du côté des femmes et des enfants et livre sa vision patriarcale et rétrograde de la famille. Il explique au magazine ELLE qu’« un enfant heureux, c’est un enfant avec un papa et une maman ». L’enjeu n’est pas dans le fait d’obliger des enfants à voir leurs pères absents et parfois violents mais dans la nécessité d’accompagner les familles monoparentales, dont 80% ont une femme à leur tête, qui ont un besoin crucial de soutien financier.
Au mois de février 2024, la ministre déléguée en charge de l’égalité, Aurore Bergé, menace les associations féministes de couper les subventions de l’État à celles qui auraient eu des « positions ambigües » sur les massacres du Hamas le 7 octobre. Un mois plus tard, la ministre se dédit, aucune association n’est concernée. Énième déclinaison de la stratégie macroniste visant à jetter le discrédit sur le monde associatif sans le moindre début de preuves.
En février 2024, la France s’oppose à ce que la directive européenne sur les violences faites aux femmes contienne une définition européenne du viol basée sur le non-consentement de la victime à l’acte sexuel. La fenêtre législative européenne qui devait permettre de renforcer les sanctions à l’échelle communautaire se referme.
En janvier 2024, lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron appelle au « réarmement démographique » dans un discours patriarcal et guerrier visant à relancer la natalité et lutter contre l’infertilité. Ces injonctions natalistes, délivrées par une sémantique viriliste qui instrumentalise le corps des femmes, ont suscité un soulèvement des féministes. « Laissez nos utérus en paix ! » a réagi la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert. La politique des slogans a une nouvelle fois empêché une réflexion approfondie sur les mesures nécessaires pour régler les causes structurelles du problème tels que la précarisation du marché de l’emploi, les trajectoires professionnelles des femmes, l’insuffisance structurelle de modes de garde (il manque au moins 200 000 places de crèches en France) ou les problèmes d’infertilité liés à la pollution et aux perturbateurs endocriniens.
Quelques mois plus tôt, les services de l’État annonçaient qu’ils allaient proposer aux jeunes mères mahoraises et comoriennes de Mayotte de se faire ligaturer les trompes, dans un alliage de politiques aussi sexistes que racistes faisant peser sur les femmes d’un territoire la défaillance de la puissance publique.
Dans un paroxysme de cynisme politique, Emmanuel Macron déclare que Gérard Depardieu, mis en examen pour viol, est « un immense acteur » qui « rend fière la France» et dont il est « un grand admirateur ». En enflammant la France avec cette polémique lamentable, il éteint instantanément les critiques sur la loi immigration, dès le lendemain de son vote en décembre 2023.
En décembre 2023, le gouvernement évince le très apprécié juge des enfants Edouard Durand qui a co-présidé pendant trois ans la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles sur les enfants (Ciivise) dont les travaux ont suscité un espoir immense pour les survivant∙es et éclairé sur l’existence d’un fléau endémique qui gangrène l’ensemble de la société. Le rapport chiffre à 160 000 le nombre d’enfants victimes de violences sexuelles chaque année et liste les conséquences majeures et multiples sur la vie de toutes les personnes concernées et bien au-delà… L’éviction d’Edouard Durand, jugé trop critique vis-à-vis du pouvoir, plonge la Ciivise dans une grave crise suscitant la démission de 11 de ses membres. Le maintien de la Commission ne garantit pas pour le moment la mise en œuvre de ses 82 préconisations concrètes.
En septembre 2023, même la Cour des comptes semble perdue quant à l’action du gouvernement en matière d’égalité, dénonçant « une succession de temps forts et une superposition de plans stratégiques interministériels sans véritable coordination ». Des mesures qui « n’ont été assorties ni de moyens, ni de calendrier de réalisation, ni d’indicateurs de résultats, ni de cibles, ce qui rend leur évaluation impossible ». Et ce alors que, depuis 2017, il n’existe plus de plans interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes.
En juin 2023, l’État est condamné pour atteinte à la liberté d’expression après avoir masqué le message féministe « Victimes on vous croit. Violeurs, on vous voit » en marge d’un déplacement du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin à Nice. En décembre 2022, des policiers avaient recouvert d’un drap noir une vitrine de librairie pour dissimuler les slogans incriminant le ministre accusé de viol (il a obtenu un non-lieu définitif en février 2024).
En mars 2023, malgré un mouvement social de grande ampleur contre le projet de réforme des retraites, le gouvernement utilise une énième fois le 49.3 pour adopter la réforme qui va appauvrir les femmes. Ces dernières paient le plus lourd tribut de ce nouveau texte de loi, alors que l’écart des pensions de retraite entre femmes et hommes atteint déjà 40%, conséquence de carrières plus souvent hachées, morcelées et mal payées.
De manière générale, les renoncements concernant la hausse du SMIC et les reculs relatifs aux politiques de solidarité impactent plus particulièrement les femmes : ce sont elles qui sont à la tête des familles monoparentales (80%), qui occupent des temps partiels (80%), et qui touchent le salaire minimum (62%).
En mai 2022, Stanislas Guérini, l’un des hommes forts de la macronie, assure sans ciller, à propos de Jérôme Peyrat, candidat LREM aux législatives condamné pour violences conjugales : « C'est un honnête homme je ne le crois pas capable de violences contre les femmes ». Les violences constatées par la justice avaient valu 14 jours d’incapacité totale de travail (ITT) à son ex-épouse.
En 2020, le gouvernement tente de privatiser le 3919, le numéro d’écoute pour les femmes victimes de violences, géré par la Fédération nationale solidarité femmes et des écoutantes professionnelles. Dans la logique libérale, tout peut être rationalisé et mis en concurrence, même le temps d’écoute et d’accueil de la parole. Face au tollé des associations et à la mobilisation des féministes, le gouvernement renonce à son projet.
En novembre 2017 et mai 2021, le gouvernement publie deux circulaires pour interdire l’écriture inclusive dans les actes administratifs publiés au Journal officiel et dans les pratiques d’enseignement.
Trahisons écologiques
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Alors que les panels intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) et la biodiversité (IPBES) tirent la sonnette d’alarme concernant le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, et que la France a été condamnée pour préjudice écologique et inaction climatique en 2021, le mandat d’Emmanuel Macron est ponctué de grands discours, comme celui affirmant que « le quinquennat sera écologique ou ne sera pas », mais aussi et surtout de décisions néfastes à l’environnement, sous la pression des lobbies. Petit florilège des renoncements innombrables du gouvernement en matière écologique.
N.B : Le média Reporterre a fait des bilans écologiques exhaustifs des actions du gouvernement depuis sept ans. Ne pas hésiter à s’y référer.
Le 10 juin 2024, en pleine tempête politique générée par l’annonce la veille de la dissolution de l’Assemblée, le gouvernement signe un décret permettant de doubler la taille des élevages industriels. Le seuil passe de 40 000 à 85 000 poulets, de 2 000 à 3 000 porcs et de 750 à 900 truies. En dessous de ces chiffres, le préfet décidera seul si l’élevage doit suivre la procédure d’autorisation environnementale.
Sous l’influence des lobbies de l’agro-industrie, Emmanuel Macron enterre sa promesse d’interdire le glyphosate, signe des dérogations aux betteraviers pour poursuivre l’usage des néonicotinoïdes en dépit de l’effondrement des populations de pollinisateurs et repousse aux calendes grecques la mise en œuvre du Plan Ecophyto, auquel il n’a jamais donné les moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs de réduction des pesticides.
En décembre 2023, il a fallu la sentence du Conseil d’État, saisi par les ONG, pour forcer le gouvernement Macron à protéger les dauphins et marsouins du littoral français, victimes par milliers des filets de pêche chaque année.
En pleines négociations sur la loi européenne de restauration de la nature, pilier environnemental du Green Deal, et alors que son groupe parlementaire à Bruxelles s’emploie à saboter le texte dans une alliance avec la droite et l’extrême-droite, Emmanuel Macron déclenche un mouvement anti-écologiste en appelant à « une pause réglementaire européenne ».
À Bruxelles, a contrario, jamais autant d’accords de libre-échange n’ont été négociés, signés et mis en œuvre que depuis l’entrée en fonction d’Emmanuel Macron. Canada, Japon, Singapour, Vietnam, Kenya, Nouvelle-Zélande… ces accords mettent en concurrence les secteurs agricoles, industriels et tertiaires, encouragent une course au moins-disant fiscal, social et environnemental et accroissent toujours plus les importations de biens provenant de l’autre bout du monde.
Alors que la Commission européenne enjoint les États à interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées européennes pour mettre en œuvre les recommandations scientifiques et les engagements internationaux pris lors de la COP15 sur la biodiversité à Montréal en décembre 2022, le Secrétaire d’État chargé de la Mer Hervé Berville annonce au Sénat, le 8 mars 2023, que le gouvernement est « clairement, totalement et fermement » opposé à une telle interdiction.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron continue d’encourager le développement des énergies fossiles qui s’inscrit dans une économie marquée par le néocolonialisme et la violence à l’échelle internationale. La diplomatie économique en est un levier important, en particulier en soutien à des nouveaux projets de TotalEnergies. En 2021, Emmanuel Macron a écrit au président ougandais pour le féliciter de sa réélection alors qu'il s'agit d'un régime autoritaire, et pour affirmer sa volonté de coopération pour soutenir le développement de l'oléoduc géant EACOP, projet dont la mise en œuvre affecte les terres de plus de 100 000 personnes et génère des violations massives de leurs droits. En 2024, plus de deux ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, la France continue d'importer du gaz naturel liquéfié russe.
En mars 2022, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement Macron répond aux sirènes de la FNSEA qui réclame la fin des jachères dans les obligations pour toucher les aides de la PAC. Au printemps 2024, il obtient des institutions européennes une pérennisation ce qui ne devait être qu’une mesure temporaire : dorénavant, les infrastructures agroécologiques ne sont plus obligatoires. C’était l’une des rares avancées obtenues ces dernières années pour permettre aux sols et à la biodiversité de se régénérer.
Sourds à l’urgence sociale dans le secteur agricole, les parlementaires macronistes s’opposent en avril 2024 à la proposition de loi visant à garantir un revenu digne aux agriculteurs et à accompagner la transition agricole.
Le mois suivant, ils se prononcent sur la Loi d’orientation agricole qui ne répond pas à deux autres demandes centrales pour les agriculteurs : assurer le renouvellement des générations et alléger leurs charges administratives. Ce texte, qui reprend largement les demandes de la FNSEA, raccourcit en revanche les délais de recours face aux projets de type mégabassines et bâtiments d’élevage, dépénalise les atteintes aux espèces et espaces naturels protégés et facilite l’arrachage de haies.
Alors que le Conseil d’État ordonnait en août 2021 l’interdiction de certaines pratiques archaïques de chasse des oiseaux, déjà jugées illégales au regard du droit européen à plusieurs reprises, le gouvernement passe outre pour contenter le lobby de la chasse et fait le choix de la récidive en autorisant à nouveau cette chasse illégale et rétrograde. Il faudra attendre mai 2024 pour que le Conseil d’État entérine la fin de ces chasses prétendument traditionnelles.
Les liens que nourrit le gouvernement avec le lobby de la chasse avaient déjà provoqué la démission de Nicolas Hulot en août 2018, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, lorsque le lobbyiste de la Fédération nationale des chasseurs Thierry Coste était intervenu en personne dans une réunion interministérielle au cours de laquelle il fut décidé de diminuer de moitié le prix du permis de chasse.
Adoptée en 2019, la loi énergie-climat fixait une échéance au premier juillet 2023 pour l’adoption d’une loi de programmation énergie-climat « fixant les priorités d’action de la politique énergétique nationale pour répondre à l’urgence écologique et climatique ». Le gouvernement est aujourd’hui hors la loi, la présentation de cette loi de programmation ayant sans cesse été repoussée.
Une école du « tri social » et de la maltraitance
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Suivant son credo libéral, la méthode macroniste pour l’École fait porter depuis sept ans aux seuls individus la responsabilité de la réussite ou de l’échec scolaire. La mesure phare et inaugurale du quinquennat, le dédoublement des classes de CP et de CE1 en éducation prioritaire, a servi à dissimuler ce qui a été mis en œuvre avec persistance tout au long des deux mandats : une politique élitiste de tri social.
Enseignants, élèves, parents sont constamment mis en compétition les uns avec les autres quand le projet républicain pour l’École est celui de l’éducabilité de toutes et tous et de l’émancipation par le savoir construit ensemble.
Censée permettre un retour à l’autorité de l’École dans la société, la succession de réformes sans moyens, dans un contexte de forte vulnérabilité (crise sanitaire, attentats) a accéléré le mécontentement des parents d’élèves qui migrent vers le privé quand ils en ont les moyens et le désarroi des équipes pédagogiques soumises à des injonctions contradictoires permanentes, sans moyens humains, techniques ou financiers pour les mettre en œuvre. Emmanuel Macron avait promis une école de la confiance et de l’autorité, sept ans plus tard son bilan est celui de la défiance et de l’autoritarisme scolaire. Avec pour premières victimes les élèves et les enseignants, dont le mal-être est toujours plus grand.
Dernier concept-slogan en date, le « choc des savoirs », prévu par le gouvernement pour la rentrée 2024, accentue le tri social par la mise en place des groupes de niveau au collège en mathématiques et en français ou la promotion du redoublement. Ces mesures vont à l’encontre de tous les apports de la recherche, provoquant d’ailleurs la démission de trois chercheurs membres du conseil scientifique de l’Éducation Nationale.
En 2023, l’introduction du « Pacte enseignant » instaure, pour les volontaires, le principe d’un salaire variable reposant sur l’idée que les enseignants doivent faire plus que leurs obligations réglementaires de service pour mériter une revalorisation de leur rémunération. Les rapports nationaux (Sénat, Assemblée nationale) comme internationaux (OCDE) ont pourtant démontré le décrochage salarial des enseignants français, notamment la smicardisation des jeunes enseignants qui débutent avec une rémunération autour de 1,2 SMIC. Depuis sept ans, face à l’absence d’une politique de rémunération ambitieuse, les démissions ont bondi de 76% dans le premier degré, dont la moitié d’enseignants expérimentés.
En juillet 2019, la loi Blanquer abaisse de six à trois ans l’obligation d’instruction. Présentée par le gouvernement comme une réforme fondatrice dans la lignée des lois Ferry, elle n’a aucun impact puisque 97,5% des enfants de trois ans étaient scolarisés en 2016. La scolarisation obligatoire dès trois ans est en fait un financement déguisé de l’école privée puisqu’elle contraint automatiquement les mairies à financer les dépenses de fonctionnement des écoles maternelles privées sous contrat.
La réforme du lycée mise en place à la rentrée 2018 s’est faite dans la précipitation, en pleine crise sanitaire et à moyens constants, alors que l’installation de 13 spécialités différentes appelait un financement conséquent pour « ouvrir le champ des possibles » pour tous les élèves. Résultat : une fermeture des débouchés pour de nombreux élèves dont l’établissement ne peut proposer toutes les spécialités et une sélection précoce des élèves dans les spécialités les plus demandées.
En décembre 2018, 150 lycéens de Mantes-la-Jolie manifestant contre la réforme du lycée et Parcoursup sont interpellés brutalement. Nassés, ils sont humiliés par les forces de l’ordre qui les forcent à se mettre à genoux en disant « voilà une classe qui se tient sage ». De même, des enseignants ont été victimes de répression pour avoir exprimé leur opposition à la Réforme Blanquer. L’exemple de la suspension des « Trois de Melle » en fut le plus éloquent : en mars 2020, trois enseignants sont sanctionnés et interdits d’entrer en contact avec leurs élèves et leurs remplaçant·es après leur participation aux manifestations contre les réformes du lycée. Une vision de l’école qui n’est pas sans rappeler l’école de la férule.
En 2018, Parcoursup remplace l’admission post-bac (APB) comme nouvelle plateforme d’orientation pour l’enseignement supérieur. Née pour gérer la pénurie des places à l’université et sous couvert de favoriser le libre choix, Parcoursup met en réalité fin au principe de libre-accès à l’enseignement supérieur et accélère le recours à l’enseignement supérieur privé, accessible sur la plateforme et mélangé à l’offre publique d’enseignement.
En 2023, le déploiement progressif de la réforme des lycées professionnels se traduit par une baisse de 30% des enseignements généraux et un allongement de la durée des stages. C’est un camouflet quant aux missions de l’Éducation nationale et un mépris affiché auprès de ces élèves.
La « reconquête du mois de juin », visant à éteindre la polémique créée par la réforme du baccalauréat et la tenue en mars des épreuves de spécialités et instaurant les stages de seconde est un fiasco. En juin 2024, seul un élève de seconde sur deux a pu trouver un stage, grâce au réseau de ses parents.
Tout au long des deux mandats, les moyens horaires annuels attribués aux établissements des collèges et des lycées, notamment des zones d’éducation prioritaire, ont baissé chaque année : la conséquence concrète de cette baisse des dotations ? De moins en moins de cours en demi-groupe dans les collèges et les lycées dans de nombreuses disciplines et de plus en plus de classes surchargées. Et pourtant, pendant ce temps-là, des moyens faramineux ont été alloués à des dispositifs fantoches tels que le Service National Universel (coût 1,75 milliard selon un rapport du Sénat) ou vont l’être pour la confection d’uniformes bien que les études montrent que la lutte contre la reproduction sociale à l’école ne saurait être le fait de telles mesures.
De 2017 à 2024, les réformes et propositions de réforme successives de la formation initiale des enseignants ont complexifié à l’extrême l’entrée dans le métier et considérablement réduit le vivier de candidats aux concours. En 2023, entre 20 et 25% des postes ouverts aux différents concours (CRPE, CAPES, CAPLP, Agrégation) n’ont pas été pourvus, faisant exploser à 80% le recours aux contractuels dans le premier degré. Comment faire réussir tous les élèves dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou des mathématiques quand les enseignants sont projetés dans une classe sans aucune formation, du jour au lendemain ?
La corruption, l’impunité et la république des copains
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« Le principal danger pour la démocratie est la persistance de manquements à la probité parmi des responsables politiques », déclarait Emmanuel Macron en 2017. Promesse de campagne du Président, les lois sur la moralisation de la politique figurent parmi les toutes premières grandes lois promulguées lors de son premier quinquennat. Sept ans plus tard, la promesse de probité a disparu, sous l’accumulation sidérante d’affaires, de scandales et de castings sulfureux.
En 2023, lors des débats parlementaires sur la loi immigration, le gouvernement marchande les voix de façon crapuleuse : le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin appelle par erreur le député socialiste Philippe Brun, le confondant avec son homonyme des Républicains Fabrice Brun, pour lui proposer d’ouvrir une nouvelle brigade de police dans sa circonscription en échange de son vote. Le député Renaissance Sacha Houlié, qui votera finalement contre l’adoption de cette loi, est approché durant les débats par des proches d’Emmanuel Macron et des ministres avec la promesse de « hautes fonctions ministérielles » en échange de son soutien.
Suite aux élections législatives de 2022, et selon les nominations au gouvernement, les fidèles lieutenants de la macronie sont remerciés pour leurs loyaux services en étant recasés dans les organisations internationales, aux Nations Unies, à la tête des administrations publiques ou dans des grandes entreprises du CAC40. Nul besoin pour eux de « traverser la rue » pour trouver un emploi.
En 2021, les liens très étroits entre le parti d’Emmanuel Macron LREM et le cabinet de conseil McKinsey éclatent au grand jour. D’un côté, un soutien lors de la campagne présidentielle de 2017, de l’autre, l’explosion du recours aux études du cabinet, « pour des travaux de qualité souvent faible, avec des préconisations très générales et laconiques » selon la Cour des Comptes.
Le 1er mai 2018, le chargé de mission de l’Élysée Alexandre Benalla est filmé à Paris, équipé d’un casque des forces de l’ordre, en train de frapper un manifestant à terre. En catimini, l’Élysée le sanctionne d’une mise à pied de quinze jours. Lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat lancent deux commissions d’enquête suite aux révélations du journal Le Monde, Emmanuel Macron sort de son silence en défiant le Parlement, claironnant devant les députés de la majorité que « s’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent me chercher ».
En août 2018, le gouvernement publie un décret afin de contourner les règles statutaires du Quai d’Orsay pour que les consuls généraux soient nommés « à la décision du gouvernement » dans vingt grandes villes telles que Los Angeles, Dubaï, Édimbourg, Milan, Barcelone ou Boston. Philippe Besson, ami du couple Macron, qui publie en septembre 2017 un livre hagiographique sur la campagne présidentielle, « Un personnage de roman », est nommé consul de Los Angeles en 2019. Il faudra l’intervention du Conseil d’État pour que sa nomination soit retoquée et que le décret sur la nomination des consuls soit annulé.
Emmanuel Macron pioche les membres de son gouvernement directement au sein des multinationales les plus puissantes : Édouard Philippe, directeur des affaires publiques d’Areva, devient Premier ministre ; Brune Poirson, ancienne employée de Véolia, devient secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ; Muriel Pénicaud a quant à elle été directrice générale adjointe de Dassault Systèmes puis DRH de Danone avant de devenir ministre duTravail. Et la liste est loin de s’arrêter là…
Après avoir affirmé en 2017 que les ministres mis en examen devraient démissionner et que la Cour de justice de la République serait supprimée, Éric Dupond-Moretti reste garde des Sceaux après sa mise en examen, tandis que le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler reste en poste en dépit d’une mise en examen pour complicité de prise illégale d'intérêts. La suppression de la Cour de justice de la République n’est, quant à elle, plus à l’ordre du jour.
La lutte contre la corruption est fragilisée. En juin 2023, l’association de lutte contre la corruption Anticor saisit le gouvernement pour le renouvellement de son agrément, nécessaire pour agir en justice. Six mois plus tard, le gouvernement lui oppose un refus implicite. Saisi à nouveau en janvier 2024, il oppose la même inertie, sans aucune motivation. Pendant ce temps, l’action de l’association devant les juridictions est significativement entravée.
Les Outre-mer : un bilan amer
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Malgré de grandes ambitions affichées pour les Outre-mer (Emmanuel Macron évoquait en 2017 « un potentiel à libérer ») et en dépit d’une concertation d’un an lors des « Assises des Outre-mer », les territoires ultramarins n’ont pas fait l’objet des attentions promises. La crise actuelle en Nouvelle-Calédonie générée par une réforme du corps électoral décidée à Paris révèle au contraire une attitude « descendante », pour ne pas dire « condescendante » du gouvernement vis-à-vis de territoires plus pauvres et où le chômage, la mortalité infantile et le taux de décrochage scolaire sont nettement plus élevés que dans l’Hexagone, en raison du manque d’investissement de l’État. Il en résulte un ressentiment profond qui se traduit en tensions récurrentes aux Antilles et à La Réunion et en situations explosives comme à Mayotte, dont l’économie s’effondre (35% de chômage) à mesure que l’insécurité, les crises de l’eau et les violences explosent. Le bilan est amer : l’idéologie libérale, qui consacre le recul de la puissance publique, est sévèrement sanctionnée dans les urnes où l’extrême-droite RN écrase désormais les autres partis.
Mi-mai 2024, le vote à Paris d’une réforme constitutionnelle controversée concernant « le dégel du corps électoral », permettant aux partis non-indépendantistes de dominer les institutions locales, a mis le feu aux poudres en Nouvelle-Calédonie et fait resurgir des conflits anciens dans l’archipel, le sentiment de mépris colonial ainsi que les blessures du passé, notamment en ce qui concerne les massacres coloniaux de kanaks.
En 2023, Gérald Darmanin enchaîne, lors d’un colloque consacré aux territoires ultramarins, les stéréotypes et les propos révisionnistes offensants qui omettent le rôle des esclaves dans leur émancipation : « C’est la République française qui a aboli l’esclavage. La France a sans doute mis dans des conditions extraordinairement difficiles les populations colonisées, mais c’est la République qui a aboli l’esclavage. Donc on leur demande d’aimer la République, pas toute l’histoire de France bien évidemment ». Il conditionne aussi la libre administration des territoires à l’autonomie alimentaire ou énergétique : « Vous n’aurez d’autonomie demain que si vous êtes capables de produire ce que vous mangez, ce que vous consommez comme électricité » !
En 2022, sous le gouvernement Borne 2, le ministère des outre-mer, de plein exercice, devient un ministère délégué rattaché au ministère de l’Intérieur et Gérald Darmanin. Ce changement de statut est vécu comme une insulte et une régression méprisante par les territoires ultramarins.
Sans tenir compte des recommandations des experts auditionnés dans le cadre du rapport sur la lutte contre l'orpaillage illégal, le gouvernement cède en 2022 aux pressions de l'industrie minière guyanaise pour autoriser l'implantation de mines d'or sur des zones détruites par les chantiers illégaux. L'expérimentation menée entre 2010 et 2012 avait démontré l'inefficacité de cette politique. La carence de l'administration expose les populations locales à une intoxication au mercure scandaleuse et à des violations des droits humains et environnementaux graves.
En 2019, dans le cadre du « Grand débat », Emmanuel Macron entretient le déni au sujet du chlordécone : « Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ». Ce pesticide, dont la dangerosité est connue depuis 1969, et qui a été interdit aux États-Unis dès 1976, a été largement utilisé dans les bananeraies aux Antilles de 1972 à 1993, polluant durablement les terres et contaminant 90% de la population. Le président du Conseil exécutif de la Martinique appelait à des mesures de réparation en 2022, expliquant que « cela fait cinquante ans qu’on se bat. Cinquante ans pour arriver à un quatrième “plan chlordécone”. Imagine-t-on cinquante ans pour régler un problème qui l’aurait été en deux ans en Bretagne ? ».
Le gouvernement creuse la fracture audiovisuelle de l’outre-mer : en 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait le maintien de la chaine de télévision consacrée aux Outre-mer France Ô qui avait « un programme et une justification pleine et entière ». Un an plus tard, le gouvernement change son fusil d’épaule et acte la suppression à venir de France Ô. Emmanuel Macron se justifie en avril 2019 en affirmant que France Ô n’est « pas indispensable » et que la chaîne ne répond pas à sa mission de service public. France Ô cesse d’émettre en août 2020.
L’effondrement des médias
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Le gouvernement a laissé Vincent Bolloré tisser sa toile pour composer un empire médiatique tentaculaire et réactionnaire qui forge les opinions politiques des citoyen·nes (Europe 1, Le journal du dimanche, CNews, Paris Match…). D’autres milliardaires lui ont emboîté le pas, à l’image de Rodolphe Saadé, dirigeant du groupe CMA CGM, qui vient de racheter La Provence, et de mettre à pied son directeur de la rédaction après la publication d’une couverture critiquant le bilan de la visite d’Emmanuel Macron à Marseille dans le cadre de l’opération de lutte contre la délinquance « Place nette ». Dans le même temps, le gouvernement a supprimé en 2022 la redevance publique sur l’audiovisuel, compromettant l’indépendance des médias publics. C’est l’accès à une information fiable, indépendante des pouvoirs économiques et politiques, qui est mise en danger par les choix dangereux du gouvernement.
Dernier épisode en date des attaques de la macronie à l’indépendance des médias : le projet de fusion de l’audiovisuel public. Après la suppression de la redevance, le gouvernement prévoyait la création d’une holding unique contrôlant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. Cette mainmise du politique sur l’information, digne d’un régime autoritaire, viendrait accroître la vulnérabilité des médias en les plaçant sous une présidence unique toute puissante.Le gouvernement comptait bien mener à son terme ce projet de réforme, contesté par toutes les sociétés de journalistes des médias publics, avant la dissolution annoncée par Emmanuel Macron le 9 juin.
Cyril Hanouna vient de récupérer, sur ordre de Vincent Bolloré, pendant les quinze jours de la campagne législative éclair, la tranche radio de 16h à 18h sur Europe 1. Premier invité ? Éric Zemmour, président du parti d’extrême-droite Reconquête.
A l’automne 2023, une commission d’enquête parlementaire est lancée concernant l’attribution des fréquences de la TNT. Pascal Praud, Laurence Ferrari, les équipes de CNews sont convoquées, ainsi que Vincent Bolloré. A peine les auditions terminées, le président de la Commission d’enquête, Quentin Bataillon, du groupe macroniste, sort de son silence en se rendant sur… le plateau de Cyril Hanouna, où il critique ouvertement Yann Barthès, de l’émission Quotidien.
En l’absence de loi cadre sur l’actionnariat citoyen dans les médias et l’indépendance des rédactions, le phénomène de concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires inquiète : le groupe Drahi possède Libération, L’Express et le groupe BFM/RMC, Xavier Niel possède Le Monde, Bernard Arnault possède Les Échos et Le Parisien, François Pinault Le Point, Vincent Bolloré Canal +, CNews, Europe 1, Paris Match, Le journal du dimanche.
Le 11 août 2023, suite à la reprise du Journal du dimanche par Vincent Bolloré et à la nomination de Geoffroy Lejeune, ancien rédacteur en chef de Valeurs actuelles, à la tête de sa rédaction, le président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale Sylvain Maillard enjoint aux députés macronistes de ne pas s’exprimer dans le JDD « jusqu’à nouvel ordre ». Dix jours plus tard, le député Renaissance des Yvelines Karl Olive enfreint la consigne, validant la stratégie d’emprise de Bolloré.
Un an plus tard, alors que la macronie considère ce titre comme un autre, la loi « JDD » donnant aux rédactions le droit d’agréer leur directeur, examinée dans le cadre de la niche parlementaire écologiste, n’est pas examinée, faute de temps. Silence assourdissant du gouvernement et de la majorité parlementaire, qui ne semble pas vouloir reprendre cette loi à son compte.
Un pays brutalisé, précarisé et anesthésié
Tous ces reculs, ce sont les parlementaires macronistes et le gouvernement qui les ont institués et banalisés au point que les violences policières lors des mobilisations en faveur de la justice sociale et de la protection de l’environnement ne suscitent plus l’intérêt des médias.
Dans un pays anesthésié par la casse des services publics, la maltraitance des individus et le recul des libertés,
le risque de sombrer dans la barbarie irréversible est réel. Il pourrait advenir le 7 juillet à 20h00 si l’extrême-droite remporte les élections législatives.
Notre faute, c’est de ne pas avoir été assez pessimistes.
La macronie a déjà entamé la dignité et la liberté des migrant·es, des militant·es, des enfants étrangers et des sans-abris. Avec l’extrême-droite, la France basculerait en enfer. Si nous laissons abattre, par apathie, par confort, par peur, par fainéantise ou par égoïsme tous les garde-fous, les vigies et les combattant·es d’un monde juste et solidaire, alors qui restera-t-il pour nous protéger ?
Gardons à l’esprit la mise en garde du pasteur protestant Martin Niemöller emprisonné durant huit années par la Gestapo :
« Ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester ».
Il nous reste quelques jours pour nous réveiller collectivement de ce long cauchemar et nous mobiliser en faveur du Nouveau Front populaire. C’est aujourd’hui la seule façon de battre durablement l’extrême-droite et de mettre fin à l’injustice inacceptable du macronisme qui la nourrit.
Votre mobilisation est déterminante
Dans ce contexte terrifiant, avec l’extrême-droite aux portes du pouvoir, nous n’avons pas le droit à l’erreur.
Nous devons donner une chance à la justice sociale et écologique de gagner.
Et rappeler à toutes et tous ce qu’un bulletin pour la liste « Ensemble/Renaissance » implique dans les faits.
Pour combattre l’extrême-droite et ce qui la nourrit, partagez ce texte en un clic.
Liste complète des signataires
Claire Nouvian, fondatrice de l’association BLOOM.
J-David Abel , pilote du réseau biodiversité de FNE.
Alberto Alemanno, professeur de droit.
Éric Alt, magistrat.
Lauren Bastide, journaliste, essayiste et féministe.
Sophie Binet, secrétaire générale de la Confédération générale du travail.
Dominique Bourg, philosophe.
Swann Bommier, responsable du plaidoyer de l’association BLOOM.
Christophe Bonneuil, historien.
Julia Cagé, enseignante-chercheuse et économiste.
Marine Calmet, présidente de Wild Legal.
Lou Chesné, porte-parole d'Attac France.
Laurence de Cock, historienne.
Maxime Combes, économiste.
Thomas Coutrot, économiste, membre des Ateliers Travail et Démocratie.
Anthony Delcambre, médecin généraliste.
Cyril Dion, auteur, réalisateur et poète.
Marie Donzel, féministe.
Laure Ducos, autrice et militante écologiste contre l’agro-industrie.
Simon Frémaux, webdesigner, ancien médecin généraliste.
Marie Guirguis, médecin généraliste.
Hafsah Hachad, médecin néphrologue.
Grégoire Loïs, naturaliste.
Morgan N. Lucas, psy, auteur, formateur.
Lucie Lucas, comédienne.
Priscillia Ludosky, militante, co-initiatrice du mouvement des Gilets jaunes.
Yann Manzi, délégué général d'Utopia 56.
Charlotte Marchandise, militante de la démocratie participative.
Julien Marsay, auteur.
Pierre Maura, militant social-écologiste.
Marine Mazel, psychologue spécialiste de la lutte contre l'exclusion.
Dominique Méda, philosophe et sociologue.
Baptiste Morizot, philosophe.
Agnès Moussion, militante altermondialiste et féministe.
Gaïa Mugler-Thouvenin, porte-parole d’Action Justice Climat.
Florence Ostier, coopératrice et militante associative.
Magali Payen, Artiviste.
Anne Pédron, historienne.
Alessandro Pignocchi, philosophe et auteur de bande dessinée.
Mélanie Popoff, médecin de santé scolaire, auteure.
Audrey Pulvar, journaliste et femme politique.
Aurélien Saussay, économiste.
Réjane Sénac, politologue.
Fiona Steffan, présidente de l'association La Marmite Rouge.
Pierre Taïeb, co-fondateur de Dernière Rénovation.
Laurent Tillon, naturaliste.
Assa Traoré, fondatrice du comité Adama.
Victoire Tuaillon, journaliste.
Mathilde Viot, activiste féministe, présidente de l’observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
Thomas Wagner, fondateur du média Bon Pote.
Maxime Zucca, ornithologue.